Drones de guerre

L’apparition de drones a révolutionné « l’art de la guerre », chacun le voit de l’Ukraine au Moyen- Orient. Mais ces aéronefs sans pilote jouent aussi un rôle croissant dans les « guerres hybrides », plus furtives, dont la Russie s’est fait une spécialité. Ces derniers temps, non content de lancer des salves de centaines de drones sur l’Ukraine, Vladimir Poutine en envoie quelques-uns musarder dans l’espace aérien de l’O.T.A.N., jusque sur l’aéroport de Copenhague où se sont réunis les dirigeants européens, précisément pour coordonner leur réaction à cette menace !!

Par son ampleur, limitée quoique potentiellement grave, celle-ci répond exactement aux objectifs du Kremlin : provoquer et inquiéter les membres de l’O.T.A.N., sans pour autant justifier une escalade incontrôlable. Alors que son armée piétine en Ukraine, Poutine ne veut sûrement pas élargir le conflit au continent européen. Mais, en affichant son audace, il espère intimider les soutiens de Kiev, voire les pousser à réaffecter des budgets à leur propre défense. Surtout, il teste la détermination de celui qu’il voit comme le maillon faible de l’alliance, Donald Trump.

Les russes, mais aussi les chinois et quelques autres sont persuadés que le Président américain ne viendra pas au secours de ses « alliés » si le coût en est trop élevé. Poutine s’efforce de le vérifier, pour son compte et celui de ses amis, en poussant le bouchon chaque fois un peu plus loin -sans réaction, il faut l’admettre, de Washington jusqu’ici. Or, il convient de mesurer toute la portée de ce qui se joue ici : la décision stratégique de Pékin concernant une invasion de TaÏwan pourrait dépendre en partie des leçons qui en seront tirées.

C’est un jeu dangereux de la part de ces puissants, tant Poutine dans l’action, que Trump dans l’inaction. Mais pour les européens, voilà l’occasion ou jamais de faire preuve de solidarité et de courage. Pour rattraper leur retard et ériger un mur anti-drones à l’Est, ils peuvent s’appuyer sur l’expérience et le savoir-faire de Kiev.

Poutine n’avait peut-être pas anticipé que l’Ukraine, première armée d’Europe, allait devenir non pas un poids, mais un atout dans cet affrontement.

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